Week-end en forêt de Chandelais
Le week-end du 14 et 15 septembre 2019 le Groupe Jeunes a passé 2 jours en forêt. La découverte de sa faune, et plus particulièrement du roi de la forêt, était au programme. Cette sortie a eu lieu dans la forêt de Chandelais, massif forestier le plus remarquable d’Anjou !
Commençons par un petit focus sur la forêt de Chandelais : cette forêt domaniale située à Baugé-en-Anjou est la plus grande d’Anjou, avec 1048 hectares, essentiellement composés de chênes et de hêtres. Elle est exploitée depuis maintenant plusieurs siècles et gérée par l’Office Nationale des Forêts. Elle présente des milieux très diversifiés (Futaie régulière de chênes sessile, futaie régulière de pins de plaine, îlots de vieillissement et de sénescence, étang, mares forestières), et abrite de nombreuses espèces animales ainsi qu’une grande diversité de champignons. Cette forêt présente aussi des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF de type 1 sur 80% de sa surface et ZNIEFF de type 2 sur 20%, d’après l’Office National des Forêts). Afin d’y préserver la biodiversité, des mesures de gestion ont été mise en œuvre, en plus de la constitution d’une trame de vieux bois, permettant de conserver les espèces liées aux vieux bois, d’où la présence d’îlots de vieillissement et de sénescence.
Philippe Pouplard, bénévole de longue date à la LPO Anjou, nous a accueillis samedi après-midi dans sa jolie maison forestière qui se trouve au cœur de la forêt.
Construit au cours du XIXe siècle, cette maison forestière avait pour but d’héberger les gardes forestiers de ce bois. 100 ans après, fin de service pour cette bâtisse. D’année en année, la maison se dégrade, s’effondre même à certains endroits. Il y a un peu plus de 40 ans, cette ruine tape dans l’oeil de Philippe qui décide de la racheter. S’en suivent des années de travaux et d’aménagements réalisés par les mains talentueuses du propriétaire et de ses proches.
Même sans eau courante et électricité, c'est un véritable paradis qui est aménagé au coeur de la forêt. Un véritable paradis pour les hommes, mais aussi pour la faune et la flore. Triton et grenouille vivent dans les réserves d’eau de pluie, et les chauves-souris gîtent dans les combles et le débarras.
C’est également une maison riche en anecdotes et en débrouille. Un système ingénieux de toilettes, un grille pain au feu de bois, … donnent encore plus de charme à cette bâtisse.
C’est enrichis des anecdotes de Philippe sur sa maison et son travail sur celle-ci, que nous commençons à monter le camp dans la bonne humeur, à l’arrière de la maison, en lisière de forêt.
Pendant que certains s'installent, d'autres commencent les prospections par la pose d'un piège photo au niveau de terriers de Blaireaux européens. Nous ne divulguerons pas d'informations sur la localisation afin d'éviter tout dérangement (voir destruction). Le sol sableux offre aux blaireaux une surface meuble facile à creuser. Prudent et discret, ce mammifère passe ses journées dans son terrier et n'en sort que le soir pour se nourrir. Sur la zone que nous avons prospectée, de nombreuses entrées de terriers étaient présentes mais seules deux étaient encore occupées (empreintes, entrée propre sans feuilles obstruants, sable fraîchement gratté). Cette entrée était donc parfaite pour poser la piège photo sur un tronc juste en face.
C'est une semaine après que nous avons pu voir les résultats de celui-ci. C'est une réussite, la vie nocturne des Blaireaux communs a pu être captée pendant trois nuits. Quel plaisir de les voir creuser, aménager leur entrée et se chamailler ! Nous avons pu dénombrer 5 blaireaux différents en activités mais pas que... Une chauve-souris en chasse a été captée à plusieurs reprises. Difficile d'identifier l'espèce, mais on peut quasiment affirmer qu'elle était en chasse !
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| Le piège photos |
Il est temps pour nous d'aller découvrir le brame du roi des forêts, le cerf, le but de ce week-end ! Les recherches ont commencé dans une prairie/friche à proximité d'une route forestière assez tôt dans la soirée. Les Cerfs élaphes n'étaient pas encore au rendez-vous, mais nous avons eu la chance d'observer des oiseaux migrateurs : un couple de Bec-croisé des sapins ! Mais également des Linottes mélodieuses, 1 Gobemouche noir (présents en très grand nombre cette année !!) , des Pipits des arbres, Pipits farlouses ou encore 1 Pic noir (la liste de toutes les espèces observées est disponible en annexe).
Nous voilà déjà bien satisfaits de notre soirée, avec de belles "coches" pour certains! Et puis d'un coup, un bruit au loin vient briser le calme de la clairière, un cerf commence à bramer, puis d'autres le rejoignent ! Mais ils sont trop loin, et même si le bruit est assez puissant, il n'est pas assez fort pour nous. Nous décidons donc de nous en rapprocher. Après quelques recherches sur carte, et en fonction de la direction d'où venait le brame, nous nous sommes arrêtés à l'entrée du parc d'un petit manoir. Nous entendons les cerfs bramer, comment ne pas être sensible à tant puissance ? Ils ne sont certainement pas loin. La soirée est déjà bien avancée, et l'obscurité pointe le bout de son nez. Mais il y a encore assez de clarté pour observer la lisière forestière. Quelle chance, nous observons, pendant plusieurs minutes, une masse qui s'avère être un Cerf élaphe ! Et puis, après quelques instants à tenter de mieux observer cette bête, un bruit nous immobilise...
Quelque chose traverse la rivière à notre droite, nous sommes figés et nous observons attentivement les berges. Les feuilles remuent, et à moins de 50 mètres de nous, un jeune cerf pointe le bout de ses bois. Que faire à part rester figés à l'observer. La luminosité est faible, mais encore suffisante pour le voir traverser la clairière, à pas tranquilles. Quelle émotion, de voir ce jeune roi d'aussi prêt. Il se dirige vers la lisière, où l'autre cerf l'observe avant de partir. Et puis c'est à son tour de s'enfoncer dans la forêt...
Attention tout de même, pendant la période du brame, les mâles en rute peuvent être très dangereux. Rappelons que pendant cette période, il est interdit de se promener en pleine forêt ou sur les chemins forestiers. Seules les prospections en bord de route sont autorisées. Ici, ce jeune mâle ne pouvait détecter notre présence (pas de bruit, pas de vent diffusant notre odeur, obscurité créée par les arbres au bord de la route) mais il faut toujours rester sur ses gardes. Le spectacle était en tout cas au rendez-vous, d'autant plus que c'était le premier soir où les cerfs étaient en rut.
Retour au bercail, il est temps pour nous de profiter d’un bon repas convivial ! Mais nous n'allions pas nous arrêter en si bon chemin. Nous voilà repartis sur les routes forestières à la recherche de ses autres habitants : les chauves-souris. Munis d'un détecteur manuel à ultrasons (micro + application Smartphone BatRecorder) , nous avons pu détecter la présence de plusieurs espèces !
La pose en début de soirée d'un enregistreur à ultrasons (Passive Recorder, boîtier fabriqué avec Jean Do Vrignault, bénévole pour le Groupe Chiroptères des Pays de la Loire) a permis d'enregistrer l'activité des chauves-souris à proximité de la maison forestière durant une nuit complète en continue.
Sept espèces ont pu être contactées ; beaucoup de Pipistrelles communes et de Pipistrelles de Kuhl, pas mal de Barbastelles d'Europe, 2-3 Murins à identifier, 2-3 Oreillards à identifier, un Grand Rhinolophe et 2-3 Petits Rhinolophes.
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| Petits Rinolophes dans le débarras de la maison |
Suite à cette première journée/soirée haute en observations, il est l'heure de dormir ! Les conditions météo étant très bonnes, la nuit à la lueur de la pleine lune s'est imposée ! Malgré un réveil assez surprenant, une harde de sangliers passant non loin du campement, la nuit a été bonne !
Après un débarbouillage rapide, nous voici repartis à l'aube pour rechercher de nouveau les cerfs. Cette fois, pas de brame, mais trois Biches et un Cerf traversant devant le nez de la voiture et se laissant observer quelques secondes !
Avant de rentrer prendre le petit déjeuner, nous nous sommes arrêtés quelques instants dans la clairière où nous étions la veille. Nous contemplons un lever de soleil brumeux, avec en fond sonore, les aboiements d’un chevreuil ( et oui, il n'y a pas que les chiens qui aboient...). C’est dans ce ciel coloré que nous avons pu observer un Épervier en vol, ainsi qu’un autre rapace que nous avons identifié comme Busard des roseaux, sans grandes certitudes.
Après une bonne balade matinale, retour au camp, il est temps pour nous de remballer nos affaires et surtout de remercier chaleureusement Philippe, pour nous avoir permis de passer ce superbe séjour chez lui avec en prime un magnifique petit déjeuner au pied de la cheminée ! Quoi de mieux pour finir ce week-end qu'un acte citoyen ! Munis de nos sacs poubelles nous avons ramassé des déchets éparpillés à la lisière de la forêt. 
Liste des espèces que nous avons pu contacter :
Photos : Amélie Beillard, Mathurin Aubry, Mathilde Nouvian, Simon Arnaud, Théophile Tusseau
Dessin : Mathilde Nouvian