Prospection reptiles


Samedi 10 août, le rendez-vous était donné de bonne heure et de bonne humeur pour quelques membres du Groupe Jeunes qui se sont retrouvés pour une prospection reptiles. Ils se sont donc rejoints à 8 heures, selon le quart d’heure angevin, à Saint-Nicolas à Angers pour prospecter la lande à la recherche de serpents et de lézards.

Début juillet, deux membres du Groupe Jeunes avaient observé une Vipère péliade femelle gestante. Une donnée nouvelle pour cette espèce sur le site. Une prospection a donc été proposée aux membres du Groupe Jeunes de façon à faire découvrir des animaux très discrets et craintifs. Cinq jeunes ont donc répondu à l’appel pour essayer d’observer ces animaux et en même temps de trouver de nouveaux individus.

Les conditions étaient idéales pour faire de bonnes observations. En effet, les jours et la nuit précédente étaient humides, les reptiles sont donc restés à l'abri. Le samedi matin, le soleil était timidement au rendez-vous, suffisament pour inciter les petites bêtes à sortir pour se réchauffer. 
Le début de matinée n'était pas le plus agréable, le temps était mausade, aucuns serpents en vue, mais ce sont les risques du métier. Mais nous sommes perséverant, et au bout de 2 heures de recherches infrutueuses, nous sommes tombé sur notre premier indice ! Petite victoire, c'est une mue de Vipère péliade, facilement reconnaissable avec ses 3 grosses écailles sur la tête. La présence du serpent peut être confirmé.


Mue d’une Vipère péliade (Vipera berus)


Mais une mue, ça ne nous suffisait pas, nous voulions être sur que de sa présence, nous voulions voir des individus vivant ! Nous continuons à nous enfoncer dans cette lande, et guidé par Alexandre, nous arrivons près d'une mare assechée. Le lieu était inhabité depuis un bout de temps aux vues de la végétation qui commençait à la remplir. Mais à coté, derrière un rocher, près d'une culotte abandonnée (si, si, c'est vrai) une belle Coronelle lisse se faufile. Bonne nouvelle, cette espèce se laisse difficilement observer, et c'est l'une des première fois qu'elle est observée dans ces landes !

Coronelle lisse (Coronella austriaca)

Il est temps de rentrer. Sur le chemin du retour, bonne surprise, la tant attendue, la fameuse, la Vipère péliade ! Elle était tout simplement posée au coeur d'un bosquet. Nous sommes sûrement passé devant elle à l'aller. Notons qu'elle est en début de mue, ce qui explique ses yeux vitreux !



Vipère péliade (Vipera berus)

Vipère péliade (Vipera berus)

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La mue, késako ?

Chez les reptiles, la mue est un phénomène naturel. On dit souvent qu’il s’agit d’un changement de peau chez le serpent. Ce n’est pas totalement vrai. La réalité est à la fois plus compliquée et plus simple.
La peau du reptile est constituée de 2 couches, comme chez les mammifères : l’épiderme et le derme. La mue se passe au niveau de l’épiderme chez le serpent. 
En elle-même, la mue, est un phénomène complexe. Les cellules germinatives remplacent les kératinisées qui composent la couche externe de la peau, que l’on appelle la corne. Entre l’ancienne et la nouvelle corne circule un liquide, la lymphe, qui va progressivement séparer les 2 « peaux » entre elles. De fait, c’est pour ça que, visuellement, nous avons l’impression d’apercevoir un serpent qui perd sa peau. En réalité, il renouvelle son épiderme.
La mue varie en fonction de la fréquence de croissance du sujet. En l’occurrence, ici, plus votre serpent sera jeune, plus il aura tendance à muer car il grandira plus rapidement qu’un serpent adulte, dont les périodes de mue vont s’espacer avec le temps. En règle générale, un serpent mue entre 7 et 14 jours. En fonction de l’espèce concernée, cela mettra plus ou moins de temps. De plus, la durée d’une mue dépend d’autres facteurs comme l’âge, l’état nutritionnel de l’animal, sa température corporelle et celle de son environnement ainsi que le taux d’humidité. Dans les premiers mois de sa vie, un jeune serpent peut muer jusqu’à une fois par mois. Il existe également des périodes types de mue, comme la sortie de l’hibernation, le début de la saison d’accouplement et peu avant de mettre bas.

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La machine est lancée et le groupe tombe sur deux belles mues de Couleuvre helvétique (anciennement Couleuvre à collier). Malheureusement le seul individu que nous avons pu observé était mort écrasé, certainement par un humain...

Histoire de continuer sur notre lancé, nous repassons à l'endroit où nos avons trouvé notre première mue. Et vous savez quoi? Un serpent en plus, c'est une Vipère péliade ! Pour cette fin de prospection, un grand soleil était au rendez-vous, elle en a surement profiter pour se réchauffer !

Vipère péliade (Vipera berus)
Comme le montre la photo ci-dessous, il faut avoir le coup d’œil pour observer un serpent ! Il faut savoir qu'ils sont très craintifs et fuient au moindre danger. En France, le risque de se faire mordre par un serpent est assez minime !
Quand on sait, d'après l'UICN, que 19% des reptiles sont en voie d'extinction au niveau mondial, nous réalisons facilement la chance que nous avons eu d'en observer autant !

Saurez-vous la retrouver ?

Il est venu l'heure du bilan pour cette matinée, et c'est un succès!
Nous avons pu observer des dizaines de lézards des deux espèces les plus classiques en France : le lézard des murailles (Podarcis muralis) et le lézard à deux raies (anciennement lézard vert)(Lacerta bilineata).
Concernant les serpents une Coronelle lisse et deux Vipères péliade ont été observées dans la matinée.
Une mue de Vipère péliade (associée à la deuxième vipère vue), une mue indéterminée, une mue de Couleuvre d’esculape (Zamenis longissimus) et deux mues de Couleuvres helvétiques sont à ajouter aux observations.
Seul point négatif, une Couleuvre helvétique morte sensiblement écrasée par quelqu’un...

La matinée s'est conclue par un pique-nique au bord du Lac de Maine, avec une vue imprenable sur la héronnière. De belles observations de Spatules blanches (Platalea leucorodia), de différents Hérons, etc.

Rédaction : Adrien Pineau et Théophile Tusseau
Photos : Adrien Pineau, Amélie Beillard et Théophile Tusseau