Le 15 mars, faisons grève pour le Climat!






Appel à la jeunesse du monde

   Alors que la COP 23 (23ème conférence internationale des Nations Unies pour le Climat) s’est terminée  dans un climat morose le 17 novembre à Bonn, les rapports des scientifiques ne cessent de tirer la sonnette d’alarme, dénonçant l’insuffisance des engagements pris par les Etats pour lutter contre le réchauffement climatique. Les articles de presse ne cessent eux de montrer les effets dévastateurs de l’activité humaine sur l’environnement et notamment du phénomène du réchauffement climatique.


   Les dégradations de l’environnement d’origine humaine sont nombreuses. Sans être exhaustifs, outre la question du réchauffement climatique, on peut citer la pollution des eaux de rivière et des océans par nos détritus et les produits chimiques que nous utilisons quotidiennement, la surpêche et la chasse intempestive qui mettent en péril la survie de nombreuses espèces animales et par là toute la biodiversité.
   Sans vouloir les éluder, nous nous concentrons ici sur la question du dérèglement climatique. De l’avis largement partagé des observateurs de la conférence de Bonn, celle-ci n’a permis que peu d’avancées bien qu’elle ait institué un dialogue qui doit permettre aux Etats d’élever leurs ambitions climatiques sur l’année 2018. Des ambitions climatiques qu’il est urgent et nécessaire de revoir à la hausse. Dans son dernier rapport publié fin octobre, le programme des Nations Unies pour l’environnement affirme qu’il existe un « écart catastrophique » entre les engagements pris par les Etats pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et les efforts nécessaires pour contenir le réchauffement en dessous de 2°C, comme décidé lors de la Conférence de Paris en 2015, tout en continuant leurs efforts pour ne pas dépasser 1.5°C.
   Le dernier rapport des chercheurs du Global Carbon Project publié en marge de la COP23 démontre que les émissions mondiales de gaz à effet de serre issues des énergies fossiles sont reparties à la hausse en 2017, après trois années de stagnation. Elles devraient croître de 2 % par rapport à l’année précédente (et ce sans même prendre en compte l’impact de la destruction des habitats qui se poursuit). Il y a bien évidemment la Chine et l’Inde dont les émissions ne cessent de croître. Il y a les Etats-Unis où la consommation de charbon est pour la première fois repartie à la hausse grâce aux abrogations de Donald Trump. Mais la Belgique est également au rang des mauvais élèves puisque nos émissions sont reparties à la hausse depuis 2014.
  Le 13 novembre 2018, 15 364 scientifiques de 184 pays publiaient également une tribune émettant « un cri d’alarme sur l’état de la planète ». Celle-ci fait écho à une précédente tribune co-signée par 170 scientifiques en 1992 dans laquelle ils faisaient déjà part de leur inquiétude sur les « dégâts actuels, imminents ou potentiels, causés à la planète ». Ce manifeste souligne qu’aujourd’hui « non seulement l’humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d’entre eux se sont considérablement aggravés. »
   Le monde scientifique appelle à nouveau, de manière pressante, à l’adoption de mesures visant notamment à modérer notre consommation matérielle intense, à préserver l’environnement et la biodiversité, à nous désintéresser des énergies fossiles pour les énergies renouvelables ou encore à réduire le gaspillage alimentaire.


   Pour ne prendre que deux exemples, le réchauffement climatique est directement lié à l’explosion de l’utilisation des énergies fossiles. Pour contenir le réchauffement sous la barre des 2°C, il conviendrait de laisser dans le sol 80 % des énergies fossiles actuellement connues et exploitables. C’est aux autorités politiques qu’il revient d’imposer cela, pas par autoritarisme gratuit mais parce que c’est leur mission première que de fixer des règles collectives pour que la société que nous formons et dont elles émanent se fixe un cap qui ne conduise pas à l’autodestruction. Nous ne pensons pas que les multinationales du secteur, par nature mues par la recherche de profit, s’auto-limiteront.
   Aussi, nous produisons aujourd’hui largement de quoi nourrir toute la planète, largement de quoi la loger, largement de quoi permettre à chacune et chacun de vivre bien. La course à la croissance, qui est également une course au profit, a un impact majeur sur notre environnement. Il est temps de cesser cette course, de nous battre pour répartir mieux ce qui est produit et non pour produire toujours davantage. A nouveau, ceci implique d’avoir des autorités politiques qui fixent des règles plus strictes, s’attaquent à une juste répartition des richesses, et fixent des priorités (transition énergétique rapide vers le 100 % renouvelable, réduction du temps d’emploi sans perte de salaire, priorité à la mobilité douce et aux transports publics de qualité, relocalisation de l’activité économique, …) permettant de (re)mettre l’économie au service d’un projet de société soutenable.
   Plus que jamais, nous nous interrogeons sur notre capacité d’agir en tant que citoyens et acteurs de la société civile sur la politique climatique et environnementale au-delà de notre capacité à changer nos propres comportements individuels. 
   Cette pression du peuple, nous pensons qu’elle devra se matérialiser en 2019 par une grève. Une grève parce qu’il y a urgence et que nous ne pouvons plus attendre, une grève parce que nous ne voulons plus produire pour produire, une grève parce que nous voulons que l’environnement soit considéré comme un facteur déterminant pour chaque prise de décision politique, une grève parce que c’est l’occasion d’arrêter la machine à produire quelques heures et de réfléchir sur le sens de nos emplois, une grève pour nous tourner vers toutes les alternatives vertueuses qui naissent autour de nous, une grève parce que cela demeure un outil efficace pour mobiliser davantage, instaurer un rapport de force et se faire entendre.
  C'est pourquoi nous devons arrêter d'aller à l'école. Pourquoi devrions nous travailler sur notre avenir s'il n'y a pas d'avenir ?

L'action de Greta Thunberg lycéenne à Stockholm, est inspirante. Depuis Août 2018, elle fait grève tous les vendredis et se tient devant son parlement pour demander la justice climatique et sociale. Depuis, des lycéens des États-Unis, d'Australie et de plus de 70 villes à travers le monde l'ont rejoint.


Mais nous devons aller plus loin. Les dirigeants du monde doivent nous donner la preuve de leurs engagements pour une transition écologique équitable entre riches et pauvres.Le collectif "Youth for Climate" leurs donnes jusqu'au 15 mars 2019 pour présenter un plan à la hauteur des exigences du GIEC, et nous invite toutes et tous à quitter nos salles de classe le même jour pour marcher à leur rencontre et vérifier si les adultes ont fait leurs devoirs.


Alors, soyons prêts. Ils ont quelques semaines pour agir, nous avons autant de temps pour nous préparer. Toutes les écoles, les lycées et les universités, entreprises, associations, etc de Suède, du Canada, de France, d'Australie, de Grèce, d'Italie, du Portugal et partout ailleurs dans le monde doivent être prêtes à se battre pour notre avenir. Prenez chaque adulte par la main, dites-leur qu'ils doivent venir avec vous, dites-leur que vous avez besoin d'eux pour que vous puissiez simplement avoir une chance de survivre à l'avenir.


Nous perdons la guerre contre le changement climatique, mais il est encore temps de renverser le cours des choses.

Plus d'infos sur l'évenement par ICI